Coulures et Millerandage : Les Caprices du Printemps

Traditionnellement, c'est le climat du millésime en cours qui alimente les conversations : et quel climat cette année !

Après un hiver rigoureux et très arrosé, le printemps a été un des plus humide et des plus froid que les vallées intérieures de Provence ont connu depuis plus de 25 ans.

Avec des températures très fraîches la nuit, il s'en est fallu de peu qu'il ne gèle début mai, au moment des « Saints de Glace » (Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais du 11 au 13 Mai).

A la même période, on observait en Provence un phénomène climatique inattendu : entre le 5 Mars et le 22 Mai, nous avons enregistré 34 jours de pluie (plus d'un jour sur deux !) sur nos stations météorologiques.

Début Juin, le soleil est enfin arrivé avec des températures élevées. La vigne, sur des sols aux réserves en eau intacte, s'est alors mise à pousser à grande vitesse, et sur les parcelles les plus précoces, a fleuri en même temps.

Mais la floraison et la pousse sont deux phénomènes physiologiques qui s'opposent : la plante a beaucoup de mal à diriger ses flux de sève à la fois vers les jeunes pousses et vers les grappes en floraison.

Dans de telles conditions, on observe un phénomène redouté des vignerons : les jeunes fleurs s'épanouissent, mais les grains de raisin ne se forment pas et tombent (c'est la coulure) ou ne grossissent pas (c'est le millerandage) A ce jour, nous observons essentiellement de la coulure. Les grappes sont bien formées...mais dépourvues de grains sur les parcelles les plus précoces !

Reste à espérer que le climat de l'été sera propice à une belle croissance et une excellente maturation. Début Juillet, nous avons les réserves d'eau et, enfin, un soleil radieux. Les vignes présentent environ une semaine à 10 jours de retard par rapport à l'an dernier, mais si le stress hydrique s'installe progressivement, la maturité devrait s'enclencher rapidement...

Nous reste à essayer d'accompagner au mieux nos vignes, à garder espoir et à prendre notre mal en patience jusqu'à la récolte.

Et si l'on y réfléchit bien, cette dernière phrase résume plutôt bien la vie d'un vigneron...